Le Sud de la Patagonie chilienne – ZE trek !

Finies les randos d’une journée ou deux, nous partons pour 5 jours dans l’une des plus belles réserves naturelles du monde, rien que ça ! Nous avons choisi le faire le “trek W”, nous permettant de voir le Glacier Grey à l’ouest et les Torres à l’est, en passant par la Vallée Francés au milieu. Soient près de 85 km au total.

Arrivés à Puerto Natales, il faut donc s’activer pour préparer notre escapade : lancer des lessives, retirer du cash, réserver le matériel de camping, faire les courses et anticiper la suite du voyage ! Notre efficacité n’est pas vraiment au rdv et nous prenons bien une journée et demi à tout mettre en place… Résultats : les sacs sont énormes, pèsent une tonne et il va falloir marcher 5 jours, ça promet ! Et tout ça, c’est sans compter l’après-midi COMPLÈTE passée il y a près d’un mois à Bariloche pour réserver les nuits dans le parc. Pour faire simple, depuis Octobre 2016 (ça tombe tout juste ‘bien’ pour nous…), le Parc a mis en place un système de réservation obligatoire pour dormir dans campings et chalets et, théoriquement, vous devez montrer vos réservations en entrant dans le parc. Là où ça se corse c’est que 3 organismes différents sont propriétaires au sein du parc… avec des sites web et manières de travailler bien propres ! Pour le premier, il faut faire une réservation en ligne, sachant qu’on ne peut voir les disponibilités qu’au dernier clic ; pour le second, c’est un système assez simple en ligne mais via un site pas du tout intuitif et pour le dernier, les réservations ne se font que par mail avec envoi de vos coordonnées bancaires (un peu flippant). BREF ! On était “un peu” dégoûtés de la machine à fric et du manque de coordination avant d’arriver sur place !

C’est finalement bien chargés que nous arrivons à l’entrée du parc national. Le sentiment est étrange, nous sommes tiraillés car d’un côté, la vue sur les montagnes et les torres au loin est impressionnante, de l’autre, les dizaines de touristes qui grouillent entre les bus et la maison des gardiens nous font peur. Après nous être enregistrés, nous continuons jusqu’au lac Pehoé pour prendre le catamaran qui nous amènera sur les traces de notre première rando. La traversée est mémorable : nous évoluons sous un ciel bleu parsemé de petits moutons blancs, à vitesse réduite et sur un lac à l’eau turquoise, une fois de plus ! L’élément principal qui nourrit l’anxiété de toute personne venant au Torres del Paine est le temps : celui-ci change réellement toutes les demi-heures et peut faire de votre journée, un enfer !

De notre côté, nous attaquons donc notre l’ascension vers… le Glacier Grey (pour ceux qui suivent toujours) et le temps est clément. Du vent, du vent, quelques nuages mais du soleil. Jusqu’ici tout va bien. Nous montons tranquillement pendant une bonne heure avant d’apercevoir quelques blocs de glace sur le lago Grey, sublime ! Mais une nouvelle heure plus tard, au sortir d’une crête, nous apercevons une grosse tâche blanche au loin : le glacier Grey ! Pendant les deux heures suivantes, nous avons longé le lac et vu le glacier s’approcher : la randonnée est exceptionnelle, peut-être la l’une des plus belles depuis le début de notre trip !! Arrivée au camping, nous montons la tente avant d’aller faire un petit tour pour observer le glacier de plus près. Une douche chaude (et oui quand même), dîner et au lit.

Nous attaquons le deuxième jour sur les chapeaux de roues car nous devons redescendre ce que nous avons monté hier puis continuer le long du lac Pehoé pour rejoindre notre deuxième campement. Le temps est changeant mais assez clément par chance ; cependant, Léa commence à sérieusement souffrir de son sac à dos. Nous faisons une grosse pause en bas, où nous avait posés le catamaran la veille et mangeons un bout pour reprendre des forces. Trois heures plus tard, nous arrivons au camping l’Italiano et nous rappelons rapidement que celui-ci est gratuit : un tout petit espace semi-couvert pour se faire à dîner, des toilettes sèches et la rivière en guise de salle de bain.

La nuit est froide, nous sommes sur un terrain très humide et il pleut des cordes toute la nuit. Nous nous réveillons sous la pluie, tente et duvets mouillés et il faut partir pour la Vallée Francés ! Nous enfilons nos capes de pluie mais 5 minutes plus tard, nous sommes déjà trempés. Il fait froid. Nous hésitons un peu à continuer car le temps est couvert et nous ne voyons rien… D’autant que les sentiers ont laissé place à des ruisseaux rendant l’ascension un peu compliquée. Nous poussons aux deux tiers de la rando mais d’une, la pluie ne cesse pas et de deux, nous croisons plusieurs personnes affirmant que la dernière partie est fermée à cause du temps. Nous rebroussons donc chemin et 15 minutes plus tard, le temps se dégage… la blague ! Bon la partie qui nous manquait est toujours dans le brouillard donc nous décidons de continuer à descendre : la vue sur le lac Pehoé au loin est quand même assez folle ! Retour au camp, nous packons et repartons pour notre prochaine étape : le camping Francés. Nous arrivons du coup bien plus tôt que prévu et sous le soleil : une fois la tente montée (sur des grosses plateformes en bois individuelles – beaucoup plus agréable que le sol trempé du précédent camping), nous prenons le temps de faire sécher toutes nos affaires, duvets et vêtements, avant de s’offrir un bel apéro avec vue sur le lac. Lomo et rhum vieux au menu 🙂 Merci aux parents de Mathieu et à Tiphaine et Olivier pour leurs cadeaux, l’averse de la journée passe beaucoup mieux comme ça !

  

Réveil au sec, nous attaquons le quatrième jour encore plus tôt car nous avons 8h30 heures de trek devant nous. Nous longeons le lac sur la moitié de la rando avant d’attaquer une bonne montée jusqu’à notre prochain camping : le Chileno. Finalement, nous arrivons avec de l’avance sur notre programme : les sacs sont de moins en moins lourds et Léa, s’étant mise la pression, tient un rythme bien plus soutenu que les premiers jours, une vraie gazelle !

Dans cet élan sportif, Léa décide – et pousse Mathieu un peu fatigué il est vrai – de tenter d’aller voir les fameuses Torres dès maintenant. “Plutôt deux fois qu’une”, lance-t-elle, on ne l’arrête plus ! 15 minutes plus tard, check-in fait et tenté montée, nos deux aventuriers se lancent à l’assaut des torres. Nous avons 4h30 avant d’être appelés pour le dîner (oui nous avons pension complète pour ce camping), alors qu’il faut bien 2h/2h30 pour monter et pareil pour descendre. Mais c’est “challenge accepted” pour Léa qui vole presque sur le chemin de randonnée. Plus sérieusement, nous avons trottiné sur la première moitié de la montée (oui oui trottiné, on ne rigole plus), nous faisant gagné 15-20 minutes et nous permettant d’admirer tranquillement les tours à l’arrivée. Là-haut, nous avons bien de la chance, alors que la réception du camping nous conseillait d’attendre le lendemain, nous avons joui d’une belle fenêtre pour admirer les fameuse Torres del Paine ! Leurs têtes étaient voilées par intermittence mais l’effort en valait largement la chandelle ! Nous avons aussi été suivis par des renards, à la recherche de nourriture oubliée par des touristes, pas farouches les bestiaux !! De retour en bas, nous avons dîné au refuge et pu goûter le “Mote con huesillo”, dessert typique du Chili : pêches séchées, recouvertes d’un syrop à base de cannelle et zestes d’orange, complétées par des grains de blé, type ébly. Résultat : pas horrible mais pas franchement délicieux…

  

Pour le dernier jour, nous avions prévu d’aller voir les torres au lever du jour mais le temps se gâte pendant la soirée… Nous fixons un réveil à 2h50 et tâtons le terrain : il pleut mais c’est clairement jouable. Nous enfilons polaires et doudounes et embarquons les duvets avec nous pour bien se mettre au chaud là-haut. Nous avons trouvé deux autres couples pour nous accompagner : nous passons un peu plus de temps que prévu au petit-déjeuner mais rattrapons vite le temps perdu dans la montée. Le rythme est bon. Nous commençons à la frontale dans la nuit noire et terminons au petit matin. Une fois arrivés, nous troquons tee-shirts mouillés par duvets, bonnets et tee-shirts secs. Les torres sont un peu voilées, les nuages bougent mais la fenêtre n’est pas meilleure que la veille. Du coup, “désabusés”, nous nous endormons sur notre rocher ! C’est 1h30 après être arrivés que nous redescendons : nous avons bien profité des tours, c’est le moins qu’on puisse dire. Nous démontons la tente, une dernière étape nous attend : il faut redescendre jusqu’à l’entée du parc. Nous finissons avec deux françaises croisées sur la route dans un hotel-restaurant à siroter chocolat et café… et une ptite bière et un pisco, ok !

  

 

Nous avons souffert mais l’expérience vaut clairement le coup ! On comprend pourquoi tant de monde déferle sur la région. De retour en ville, c’est… à nouveau sous la pluie que nous retournons à notre auberge et rendons le matériel de randonnée. Nous avons peu de temps car nous prenons un bus pour Punta Arenas ! La journée n’est pas finie. Nous sommes le 24 décembre, il est 23h, nous arrivons à Punta Arenas dans l’hostel – qui est plus une chambre chez l’habitant – en pensant se faire à dîner avant de s’écrouler. Mais la vie en aura décider autrement : la famille est en plein réveillon, bien arrosée et la ville plongée dans la magie de Noël… Nous avons donc traversé toute la ville avant de trouver un restaurant daignant nous accepter… Nous sommes au 11ème étage d’un hotel-casino avec vue sur la mer, très kitsch mais le Pisco Sour est excellent ! Joyeux Noël ! Nous avons passé les deux jours suivants à ne rien faire, au lit, à peine à flâner dans les rues de la ville. Et ensuite, direction Puerto Montt et la région des lacs.

 

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